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Lesbos
Projet de soutien psychosocial pour les enfants et les familles du camp
En février 2024, 5500 exilé.e.s ont été recensé.e.s à Lesbos, et cohabitent dans le camp de Kara Tepe, situé à trois kilomètres du port de Mytilène. Ce camp a remplacé celui de Moria, rendu tristement célèbre en 2020 à cause des violents incendies qui l’ont ravagé.
De nombreuses arrivées ont lieu chaque semaine (8990 entre août et décembre 2023). Ces réfugié.e.s sont en majorité afghan.e.s, mais aussi palestinien.ne.s, soudanais.e.s, érythréen.ne.s, éthiopien.ne.s…
La situation des enfants et des familles
La grande majorité des personnes que nous recevons sont des femmes avec enfants, qui viennent demander de l’aide afin d’être accompagnées dans leur situation familiale complexe, rendue très difficile par les conditions dans le camp. Certaines sont seules avec leurs enfants et ont besoin d’être soutenues dans leur parentalité.
FOCUS : LA SITUATION DES FEMMES AFGHANES
95% des personnes qui arrivent jusqu’à nous sont afghanes, et ont fui la dictature des talibans. Suite à leur arrivée au pouvoir en août 2021 et en réaction aux nombreuses interdictions qui menaçaient la population, la plupart de ces familles ont décidé de partirpour espérer un avenir meilleur pour leurs femmes et leurs enfants. Certaines jeunes femmes souhaitaient poursuivre leurs études et ont fait le choix d’undépart vers l’Europe. Beaucoup d’entre elles vivent désormais dans le camp de Lesbos,en quête d’un avenir plus libre.
LES ENFANTS
Aujourd’hui, Mavrovouni compte environ 38% de mineur.e.s. Ces enfants et adolescent.e.s ont fui des pays en guerre, ils ont vécu en exil ou dans des camps pendant une partie importante de leur vie, et pour certain.e.s, ils n’ont jamais été scolarisé.e.s et peinent à l’être à Mytilène. Leurs histoires de vie sont très complexes, notamment les jeunes filles, dont la grande majorité a été victime de violences sexuelles dans les camps ou durant leur parcours migratoire. Certains enfants que nous rencontrons présentent des symptômes de stress post traumatiques complexes. La vie dans le camp les vulnérabilise d’autant plus : désoeuvrement, pas d’activités adaptées ni d’espaces de socialisation avec les autresenfants, environnement stressant, parfois violent…
Ces enfants ont besoin d’espaces d’écoute individuels et collectifs pour leur permettre dedépasser leurs souffrances et de réguler leurs émotions. Leurs parents et notamment les mères, ont également besoin d’un lieu contenant, avec ou sans leurs enfants, afin d’être accompagné.e.s dans leur parentalité et être outillé.e.s dans ces moments de vie complexes.
Le projet
Une équipe de psychologues, formée aux problématiques de l’exil et sur le psychotraumatisme intervient à Lesbos depuis le mois d’octobre 2023 afin de proposer du soutien psychosocial aux femmes et aux enfants. Terra Psy a donc ouvert un centre de soutien psychosocial dans un centre, Paréa Lesvos, situé à proximité du camp.
Du lundi au vendredi, l’équipe de Terra Psy propose, avec l’aide d’interprètes formé.e.s :
- des actions collectives à visée thérapeutique pour les enfants, afin de travailler la socialisation, la gestion des émotions, la coopération. Cela est proposé chaque matinée de la semaine, sous forme de jeux afin de travailler les compétences psychosociales, d’ateliers d’art thérapie (danse, théâtre), de relaxation ou d’ateliers autour de la créativité.
- des actions collectives pour les parents ayant des difficultés relationnelles avec leurs enfants ou se sentant dépassé.e.s dans le cadre de leur parentalité, sous forme de psycho-éducation. Cela peut se décliner par exemple sous forme de groupes de parole.
- du soutien psychologique individuel ou familial pour les enfants, adolescent.e.s, ou les parents. Cela permet, dans le cadre d’un espace intime, de travailler la singularité, et de sensibiliser les parents aux difficultés rencontrées par leurs enfants (les difficultés développementales ou relationnelles notamment), d’orienter les parents vers un soutien individuel quand la problématique est parentale ou de faire un suivi plus systémique.
- des activités de « jeu enfant-parent », afin de proposer des espaces où les parents recréent une intimité avec leur enfant, en présence d’une psychologue qui fait médiation. Ces ateliers sont très utiles dans le cas où les parents se sentent dépassés, épuisés, présentent des troubles de stress post-traumatiques et n’ont plus la disponibilité psychique pour s’occuper de leurs enfants. Ils permettent alors de réapprendre à prendre du plaisir à être ensemble.
Le déroulé
Dans notre centre de soutien psychosocial, l’équipe de terrain reçoit les enfants et/ou les parents chaque matin dans le cadre des ateliers collectifs. Ces actions collectives peuvent aussi permettre de repérer des parents en difficulté ou des enfants ayant besoin d’un suivi individuel. Elles permettent de créer la première alliance thérapeutique et d’autoriser les parents à formuler une demande de soutien.
Les consultations se font chaque après-midi. Selon les besoins repérés en consultation, les psychologues peuvent proposer aux patients de participer aux actions collectives ou aux activités “jeu enfants-parents”, s’ils repèrent une nécessité de travailler le lien par le jeu.
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Terra Psy - Psychologues Sans Frontières et Médecins Sans Frontières sont deux organisations différentes.