Terra Psy – Psychologues Sans Frontières revient d’une mission exploratoire dans le camp de réfugiés de Mavrovouni, sur l’île grecque de Lesbos.
La situation dans le camp
Aujourd’hui, 2500 exilés cohabitent dans le camp de Mavrovouni, situé à trois kilomètres du port de Mytilène. Ce camp a remplacé celui de Moria, rendu tristement célèbre en 2020 à cause des violents incendies qui l’ont ravagé.
De nombreuses arrivées ont lieu chaque semaine. Rien qu’au mois de juillet, plus de 1300 personnes auraient rejoint les côtes de l’île[1]. Ces réfugiés sont en majorité afghans, mais aussi palestiniens, soudanais, érythréens, éthiopiens…
Les conditions de vie y sont très difficiles : un camp surpeuplé, une situation sanitaire indigne, une attente interminable liée à la demande d’asile (des mois à des années selon les nationalités)…
Le climat est très rude : humide et venteux en hiver, chaleur insoutenable l’été - particulièrement cette année avec les épisodes de canicule extrême qu’a connus la Grèce, d’autant que les exilés sont hébergés dans des conteneurs ou dans des tentes.
Le durcissement récurrent des règles européennes et dans le camp, rend le travail des ONG de plus en plus compliqué et ne facilite pas l’aide humanitaire qui peut être proposée.
La situation des enfants et des familles
Aujourd’hui, Mavrovouni compte environ 25% de mineurs. Ces enfants et adolescents ont fui des pays en guerre, ils ont vécu en exil ou dans des camps pendant une partie importante de leur vie, et pour certains, ils n’ont jamais été scolarisés.
Les histoires qu’ils racontent sont très complexes, notamment les jeunes filles, dont la grande majorité a été victime de violences sexuelles dans les camps ou durant leur parcours migratoire.
Les enfants que nous avons rencontrés présentent des symptômes de stress post traumatiques, de mutisme, d’énurésie, ils ont des difficultés à dormir, à se socialiser, ou s’automutilent.
La vie dans le camp les vulnérabilise d’autant plus : désœuvrement, pas d’activités adaptées ni d’espaces de socialisation avec les autres enfants, environnement stressant, parfois violent…
Ces enfants ont besoin d’espaces d’écoute individuels et collectifs, pour travailler leurs difficultés, leurs émotions et réapprendre certains codes de socialisation. Leurs parents ont également besoin d’espaces contenants, avec ou sans leurs enfants, afin d’être accompagnés dans leur parentalité et être outillés dans ces moments de vie complexes.
Suite au constat qu’il est urgent d’agir, l’association Terra Psy se mobilise. Une équipe de psychologues, formée aux problématiques de l’exil et sur le psychotraumatisme, planifie d’intervenir à Lesbos dès le mois d’octobre afin de proposer du soutien psychosocial aux femmes et aux enfants.
[1] https://lookerstudio.google.com/reporting/1CiKR1_R7-1UbMHKhzZe_Ji_cvqF7xlfH/page/SfM0